Ce que le traducteur indépendant n'est pas...

Travail traducteur tranquille

Ce que le traducteur indépendant n’est pas…

22 mai 2014
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Non, un traducteur freelance n’est pas…

un interprète,

J’ai déjà abordé ce sujet dans un article précédent (ici), mais la confusion reste fréquente alors que la différence est simple : le traducteur écrit tandis que l’interprète parle. Certes, on peut être à la fois traducteur et interprète, mais ce sont deux métiers différents qui ne demandent pas la même formation. Le traducteur et l’interprète sont aussi complémentaires que le traducteur et le relecteur, le traducteur et l’infographiste ou encore, dans d’autres corps de métiers, le menuisier et le charpentier ou l’auteur et le compositeur.

un prof,

Le traducteur n’est pas un professeur de langues. Encore une fois, chacun suit sa propre formation, et ce n’est pas parce que l’on maîtrise plusieurs langues que l’on a pour autant la patience et les compétences didactiques nécessaires à l’enseignement. On peut jouer du piano sans être professeur de musique ou aimer la course à pied sans être prof de sport, non ? À l’inverse, ce n’est pas parce que l’on enseigne une langue que l’on a le style et la rigueur qui caractérisent un bon traducteur.

un dictionnaire,

Quel traducteur n’a jamais subi cette conversation : «Comment on dit « draisienne » en anglais ? Ou qu’est-ce que ça veut dire « snout », en français ? Ah bon, tu ne sais pas ? Non, tu rigoles ? », et j’en passe…. Alors, au risque de paraître une mauvaise traductrice, non, je ne connais pas le Robert & Collins sur le bout des doigts et je ne m’endors pas le soir en lisant des glossaires techniques multilingues. Le traducteur se sert évidemment de nombreux dictionnaires et glossaires, mais pas besoin de les connaître par cœur non plus pour être compétent !

il ne parle pas 15 langues différentes,

Autre exemple : «Tu parles combien de langues ? Trois, et un peu de portugais pour faire la conversation…  Ah bon, c’est tout ? Tu rigoles ? ». Alors, au risque de paraître à nouveau une mauvaise traductrice, non, je ne connais pas l’allemand, le chinois ni le norvégien et je n’envisage même pas de me mettre à l’italien dans les mois qui viennent. Comme on dit : « ce n’est pas la quantité qui compte, mais la qualité ». Or mieux vaut maîtriser deux combinaisons de langues (dans mon cas anglais/français et espagnol/français) que de savoir dire « Je t’aime » en vingt langues. Me concernant, professionnellement, c’est plus utile !

juste bilingue,

Allez, un dernier exemple de conversation typique : « Quoi ? 100 euros pour 3 pages ! Laissez tomber, je vais le faire faire par ma secrétaire. Elle a passé un an aux États-Unis et elle est parfaitement bilingue ». Au secours ! Ce n’est pas parce que l’on parle plusieurs langues que l’on peut se prétendre traducteur. Pour reprendre l’exemple de la musique, ce n’est pas parce qu’on a l’oreille musicale que l’on va se découvrir compositeur du jour au lendemain. Si la profession de traducteur n’est pas réglementée comme celle des médecins ou des avocats, elle a tout de même sa propre éthique, qui consiste à ne traduire que vers sa langue maternelle, et sur des sujets que l’on maîtrise par ailleurs.

disponible,

Ce n’est pas parce que je travaille de la maison que je suis disponible pour A/ garder mon fils de 3 mois toute la journée à la maison, B/ répondre à tous les appels téléphoniques, C/ recevoir une visite surprise en plein après-midi, D/ faire du shopping ou aller à la piscine demain matin… Eh oui, le traducteur est un travailleur comme les autres. S’il ne vous viendrait même pas à l’idée de vous rendre sur le lieu de travail d’un ami pour lui « faire un petit coucou » en pleine journée, alors pourquoi en serait-il autrement avec le traducteur, sous prétexte qu’il passe ses journées à la maison ?

en pyjama toute la journée,

Au risque de me répéter, la traduction est un travail, pas un loisir. Et je pense que l’on peut compter sur les doigts d’une main les professionnels qui travaillent en pyjama : Chouchou et Loulou en plein tournage d’ « Un gars une fille », un ange Victoria’s Secret en plein shooting photo ou pourquoi pas un retraité. Mais non, je ne crois pas que les traducteurs fassent partie de cette catégorie ! En tout cas pas moi, car comme je l’ai dit plus haut, le traducteur est un travailleur comme les autres, qui s’apprête le matin, avant de s’installer à son bureau (car non, il ne travaille pas dans le canapé), même si ledit bureau ne se trouve qu’à quelques mètres de son lit !

asocial,

Ah oui, encore un autre exemple de question cliché : « Tu travailles toute seule ? Et ça ne te dérange pas de ne pas avoir de collègues ? Non, pourquoi ? ». Ce n’est pas parce qu’effectivement je travaille seule dans mon bureau que je suis pour autant agoraphobe… Oui, j’ai des amis, oui, j’ai une vie sociale, et oui, je « communique ». Non, ce n’est pas forcément à l’oral (du moins pendant mes heures de travail), mais j’ai aussi des collègues et des clients, qui pour certains sont très proches. Mais travaillant à l’international, ils ne sont pas de l’autre côté de la cloison mais plutôt de l’autre côté de la planète… CQFD.

une machine,

Et le meilleur pour la fin : quelle est la différence entre un traducteur humain et un traducteur automatique ? Voyons… Prenons un exemple concret. Pour ce texte source en anglais : « The idea behind this exclusive piece revolves around satisfying the demands of the customer. Offering a personal service and guaranteeing a recognizable style, thanks to its vaguely vintage shape but with strong ties to the contemporary, XXX represents a new milestone. », j’ai écrit : « Ces articles exceptionnels sont simplement nés de l’envie de satisfaire les demandes des clients. Offrir un service personnalisé tout en garantissant un style incomparable basé sur des formes subtiles mariant l’esprit vintage et le contemporain, voilà ce qui fait de XXX une nouvelle référence en la matière. » À ma place, Google translate aurait écrit : « L’idée derrière cette pièce exclusive tourne autour de satisfaire les demandes du client. Offrant un service personnalisé et la garantie d’un style reconnaissable, grâce à sa forme vaguement cru mais avec des liens étroits avec le contemporain, XXX représente une nouvelle étape. » Hum hum… Vous trouverez sur ma page Facebook (ici) de nombreux autres exemples de « râtés » de la traduction automatique, qui, je l’avoue, me font tordre de rire tous les jours !

Prochainement, un autre article sur ce qu’est le traducteur : professionnel, rigoureux, créatif, indispensable, essentiel, parfait, beau et intelligent.

À bientôt !

 

 

Citation du mois

If you talk to a man in a language he understands, that goes to his head. If you talk to him in his language, that goes to his heart.

Nelson Mandela